Professions libérales : comment fonctionne leur comptabilité et fiscalité ?

Que vous soyez avocat, psychologue, architecte ou kinésithérapeute, exercer en tant que professionnel libéral implique de respecter certaines règles bien particulières, notamment en matière de comptabilité et de fiscalité. Entre simplification des obligations et régimes fiscaux adaptés, voici ce qu’il faut savoir pour bien gérer votre activité.


Statut juridique : un choix stratégique pour les professions libérales

Les professionnels libéraux peuvent choisir entre plusieurs formes juridiques pour exercer leur activité. Le statut retenu influencera à la fois la gestion comptable et le mode d’imposition :

  • Micro-entreprise : réservée aux petites structures, elle permet une gestion ultra simplifiée, notamment l’exonération de TVA sous certaines conditions.
  • Entreprise individuelle classique (EI) : plus souple mais avec davantage de formalités.
  • Société (EURL, SASU, ou en groupe) : adaptée à des projets de plus grande envergure ou à plusieurs associés.

La majorité des professions libérales relèvent de l’impôt sur le revenu (IR), mais il est aussi possible, via une SEL (Société d’Exercice Libéral), d’opter pour l’impôt sur les sociétés (IS).

Dans cet article, on s’attarde sur l’entreprise individuelle, structure encore largement répandue chez les libéraux.


Exercice comptable : pas de liberté sur les dates

Contrairement aux sociétés classiques qui peuvent fixer librement la date de clôture de leur exercice, les professions libérales en entreprise individuelle doivent suivre l’année civile. L’exercice comptable commence donc le 1er janvier et se termine le 31 décembre.

Une exception s’applique pour la première année d’activité, avec une fin d’exercice obligatoire au 31 décembre, même si l’activité a démarré en cours d’année.


Une comptabilité allégée avec le principe de trésorerie

L’un des avantages majeurs pour les professions libérales en EI est la comptabilité de trésorerie. Ici, seuls les flux réellement encaissés ou déboursés sont enregistrés. Pas besoin de comptabiliser les dettes et créances.

Les documents obligatoires sont :

  • Un livre-journal répertoriant les recettes et les dépenses,
  • Un registre des immobilisations et amortissements,
  • Un bilan simplifié et un compte de résultat à établir en fin d’année.

💡 Astuce : pour les paiements en espèces de moins de 76 € TTC chacun, une ligne récapitulative quotidienne suffit.

Et si vous êtes en micro-entreprise, vos obligations se réduisent à un simple livre des recettes.


Frais professionnels : forfaits ou frais réels, à vous de choisir

Certains frais engagés dans le cadre de votre activité peuvent être déduits de votre revenu imposable. Vous avez souvent le choix entre :

  • Le forfait, notamment pour les indemnités kilométriques, avec un barème publié chaque année par l’administration.
  • Ou les frais réels, sur justificatifs.

Les indemnités kilométriques sont acceptées si deux conditions sont remplies :

  1. Le lieu de mission et le domicile ne se trouvent pas dans la même agglomération,
  2. Ils sont distants d’au moins 2 km (ou 1 km en zone montagneuse).

🩺 Les professions médicales, quant à elles, peuvent également bénéficier d’un forfait de déplacement de 2,50 € par visite à domicile.

Certains frais spécifiques sont aussi admis, comme les frais de blanchissage de tenues professionnelles, souvent utilisés par les médecins, infirmiers, avocats, etc.


Restauration : attention à la limite de déduction

Vous prenez vos repas à l’extérieur pour des raisons professionnelles ? Ces frais peuvent être partiellement déductibles, à condition de respecter les règles suivantes :

  • Le repas doit être nécessité par l’activité (déplacement, absence du domicile…),
  • Il faut un justificatif (facture, note…),
  • Le prix ne doit pas dépasser un certain plafond.

👉 Pour 2024, le fisc considère :

  • 5,35 € comme le coût d’un repas pris à domicile (à soustraire),
  • 20,70 € comme le plafond au-delà duquel la part excédentaire n’est plus déductible.

Exemples :

  • Déjeuner à 18 € → 18 – 5,35 = 12,65 € déductibles
  • Déjeuner à 24 € → 20,70 – 5,35 = 15,35 € déductibles

L’intérêt d’adhérer à un organisme de gestion agréé (OGA)

Enfin, en tant que professionnel libéral, il est souvent judicieux d’adhérer à un organisme de gestion agréé (OGA). Ces structures peuvent vous aider à sécuriser votre comptabilité et à optimiser votre fiscalité. L’adhésion vous ouvre aussi le droit à certains avantages fiscaux, comme l’absence de majoration de votre revenu imposable.


En résumé

Les professions libérales bénéficient de règles spécifiques, souvent allégées mais qui nécessitent tout de même rigueur et anticipation. En comprenant les nuances entre statuts, régimes fiscaux et types de dépenses déductibles, vous serez mieux armé pour piloter votre activité.